De l’ego en trop dans l’équation

Posted by on 8 Jan 2017 in Articles divers | 4 comments

le-chat-egoDans l’univers cruel et plein de pièges retors de l’écrivain lambda – par lambda, je veux dire qui ne fait pas partie des 0,000000000000000001 % d’auteurs parvenant à vivre de leur plume – il y a un écueil particulièrement épineux à gérer : le fragile équilibre entre le sérieux et la modestie.

Parce que j’ai l’incroyable chance – si si, incroyable ! – d’avoir une double casquette, celle d’auteur et celle de membre d’un comité de lecture, je suis bien placée pour évaluer cette fragilité.

En tant qu’auteur, je suis la première à franchir l’écueil – celui dont je vais vous parler très vite, je sais, il faut suivre… Mais ma modeste contribution au travail éditorial de ma maison d’édition me permet d’avoir d’énooooormes clignotants rouges qui me sautent au visage en hurlant : attention, ego en attaque !

Je m’explique : dans la grande majorité des cas, les auteurs sont d’adorables personnes tout à fait fréquentables. En tant que personnes, hein, je précise ! Parce qu’en tant qu’écrivains, les choses se compliquent un peu…
On rencontre généralement deux grands types d’auteurs : ceux qui se lèvent, chaque matin, en tentant de se convaincre que l’univers, fébrile et tremblant, n’attend que le chef-d’œuvre en pleine gestation dans leur esprit créatif pour accéder enfin aux niveaux supérieurs de l’humanité… et ceux qui, fébriles et tremblants, s’excusent d’oser exister et sont convaincus qu’ils ne valent pas davantage que les crottes foulées par leurs talons.

Comment ça, je systématise ? 🙂
Oui bon, un peu, j’admets. Le plus rigolo étant que la plupart des créateurs oscillent entre ces deux extrêmes d’un jour à l’autre et se la jouent Janus… Moi y compris, hein, je ne me situe pas au-dessus de la mêlée !ecrivain

Entre l’enthousiasme et la confiance de l’élan créatif et le besoin d’être rassuré en permanence… il y a un vrai souci d’ego dans l’équation. Dans un sens ou dans l’autre.

Or, s’il existe un domaine où l’ego ne devrait pas – mais vraiment pas, hein, du genre jamais, à aucun moment, vade retro satana ! – entrer en ligne de compte, c’est bien dans l’expression artistique.

Si l’on veut être publié, du moins pour plus d’un roman, et en faire une activité annexe – voire principale, pourquoi pas ? –, il faut prendre les choses au sérieux. S’appliquer à s’améliorer, s’équiper des outils nécessaires en investissant un minimum, se donner des challenges, progresser… comme un vaillant petit soldat, fourmi travailleuse et obstinée.
Mais mettre son ego au placard. Fermer à clef et jeter les clefs. Oublier là où on les a fourrées.

Parce que tout le monde s’en fiche comme de son premier bavoir, de l’importance que s’accorde – ou non – un écrivain. Rien ne dessert davantage une œuvre que le plastronnage de son auteur ou ses crises de dévalorisation, ses refus outrés d’accepter les critiques ou les longs silences boudeurs qui suivent la moindre remarque… Les remises en question, les « mais il est parfait, mon roman ! » ou les « mais ça veut donc dire que je ne vaux rien !!! Je vais aller méditer sur ma montagne pour les trois prochaines années… », etc…. ce ne sont que des émanations de l’ego, mal placé, empêcheur d’écrire en rond et grand pervers devant l’éternel.

egoLa seule chose qui ait de l’importance, c’est le roman. Le lecteur ne doit voir que l’œuvre, et non celui ou celle qui l’a créée derrière elle, en filigrane, comme une ombre…
Bref, pour être auteur, il faut seulement… s’oublier !
Seulement, oui.

Bon, je vais aller méditer sur ma montagne… 🙂


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4 Comments

  1. Je partage ton avis, Marie-Pierre, mais tu sais que j’apprécie les critiques qui font avancer, non les remarques lapidaires ou généralistes qui perturbent plutôt qu’autre chose sans jamais éclairer… Quant à mon ego, il y a belle lurette qu’il est le premier à se moquer de lui-même ! Signé… La chiure de mouche… 😀

    • Une « chiure de mouche », Agnès, n’exagère pas quand même ! :p

  2. Très intéressant cet article 🙂

    • Merci Zélie ! 🙂

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