Des humanités…

Posted by on 24 Jan 2016 in Articles divers | 4 comments

cultureAu 16ème siècle, un esprit qui se voulait accompli devait « faire ses humanité ». Soit étudier le latin et le grec, connaître les grands classiques, la philosophie, l’histoire, la morale, la politique…

Au 21ème siècle, qui n’est pas scientifique ou matheux – ou économiste, les nouveaux rois du monde – est aussitôt catalogué parmi les « intellos », mais dans le mauvais sens du terme : les oiseux, les gloseurs, ceux qui ne servent à rien sinon au décorum dans les réunions mondaines. Et tous les efforts de l’Éducation Nationale depuis des décennies tendent à produire des étudiants armés pour la vie professionnelle, aptes à manier un clavier d’ordinateur, maîtriser un algorithme ou toute autre spécialisation nécessaire au monde du travail. Médecins, avocats, mais aussi manœuvres, secrétaires, comptables, chercheurs… Le maître mot est : spécialisation.

Il n’y a plus de place dans ce monde pour le général, le futile, l’inutile. Et quoi de plus inutile que savoir déchiffrer le latin; ou encore de se pencher sur Descartes, sur Homère, sur Shakespeare ?

Certes. Et l’on constate qu’une triste majorité de la population active de ce monde évolué n’a quasiment aucune maîtrise de l’orthographe et de la grammaire. Que leurs seules maculture2tières à réflexions sont les émissions de téléréalité – au pire – et les informations nationales – au mieux. Produire des employés efficaces a transformé la population en… analphabètes ?

Sans vouloir minimiser l’importance des sciences, ni diminuer le mérite des matières dites « pragmatiques », je me pose la question : la comptabilité a-t-elle jamais changé le monde ?

Montesquieu a été l’un des premiers à battre en brèche le racisme primaire de son époque ; par son éloquence et la puissance de son intellect il a transformé les esprits et la façon de penser du monde. L’œuvre de Voltaire n’est qu’un combat épique contre l’intolérance et le fanatisme. Nous leur devons pour beaucoup notre mode de pensée actuel, nos valeurs, nos lois.

Car ce n’est pas en limitant nos esprits aux fonctions pragmatiques que nous deviendrons des hommes évolués, capables de réfléchir, de s’émouvoir, et de changer les choses.

Quel est le « spécialiste » aujourd’hui qui peut réellement comprendre les mécanismes et les enjeux de l’économie mondiale, s’il n’est pas lui-même un économiste ? Et encore… Sortir de l’ENA ou de Sciences Po pourrait être un gage d’intelligence « éclairée », de même que faire partie de ces fameuses « élites intellectuelles » que constituent pour l’opinion générale les corporations professionnelles dites de prestige : Avocats, médecins, ingénieurs…

J’ai vécu une expérience particulièrement traumatisante il y a quelques années. Formatrice spécialisée en communication écrite et orale, j’ai donné des cours aux élèves avocats du barreau de Toulouse. C’était un peu un défi personnel, avec mon petit baccalauréat et mon expérience pour tout bagage, de me retrouver face à des BAC +6, 7, voire davantage, des thésards ou double thésards, et devoir leur donner des conseils pour écrire correctement et se faire comprendre. Je m’étais préparée à un beau challenge, voire à un éblouissement intellectuel face à l’élite de la société, le sel de la Terre… Fi ! Cruelle déception ! J’ai découvert que même des avocats pouvaient être franchement cons. Bornés, incultes, uniquement habités par leur savoir théorique, incapables d’aligner deux phrases sans faire des fautes d’orthographe à faire hurler de rire un âne, et dont la capacité de raisonnement se limitait à la législation.

cultureIl est évident que cons, ils ne l’étaient pas tous. J’ai découvert également des parcours atypiques, des curiosités d’esprit rafraîchissantes, et des personnalités riches et sensibles. Mais, de manière générale, j’ai surtout été frappée par leur… inculture. Pour une corporation professionnelle considérée comme une élite, c’était franchement la douche froide !

Alors c’est ça, l’humanité de demain ? Des petits, des « sans-grade » qui ont l’excuse de l’abrutissement nécessaire à l’oubli de leurs misères, et les Grands, dont l’esprit n’est éclairé que par les faibles lumières de leur spécialité ?

Oh, moi je rêve d’esprits supérieurs cultivés et curieux de tout, des humanistes pragmatiques, des hommes et des femmes qui savent regarder les étoiles sans quitter la Terre !

C’est beau de rêver, non ?


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4 Comments

  1. Eh bien moi, je suis d’accord avec toi. Mon grand âge fait que j’aie été élevée au lait du latin et du grec ét que je suis souvent chagrinée par le chemin actuel de nos écoliers. Mes petits enfants en font partie. Ils connaissent mieux le fonctionnement de leur Selfie et de leur iPod que leà déclinaison de rosa rosace. J’ai parfois l’impression de faire partie d’un autre monde, oublié, inaudible, donc silencieux. Merci Marie Pierre. Manou

    • Merci Manou, c’est tellement vrai !

      • Je voulais écrire « Rosa Rosae » mais la correction automatique est passée par là.
        En tout cas, merci de ta réponse ét bonne journée. manou

      • Je voulais écrire rosa rosae mais la correction automatique est passée par là. Bises

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