De ma mémoire surgit l’Afrique de mon enfance
Tout un pan de passé lumineux et tragique
La terre sèche et dure, la musique et la danse
Les couleurs qui claquent et les rites magiques
Partie à la recherche de son fils, Nolimé s’embarque dans un road trip africain qui la mènera jusqu’au Burkina Faso, tout près de l’équateur. Bien loin de la civilisation européenne, loin de ses repères et de ses normes, en plein cœur d’un continent qui ne se laisse pas approcher « comme ça »…
C’est la deuxième partie de L’Heure du Tigre. J’ai fait appel à ma mémoire pour écrire ces pages, mais je n’ai pas eu à chercher très longtemps : l’Afrique noire n’est pas quelque chose qu’un enfant oublie ! J’y suis née (au Congo) puis j’y suis revenue vers 7-8 ans, au Burkina Faso justement, le pays le plus pauvre du continent africain. Cette pauvreté, la gamine que j’étais ne l’a même pas remarquée. Les femmes cherchaient les gros vers blancs et luisants dans le fumier ? C’était exotique, délicieusement écoeurant. Je ne me souviens que des pluies chaudes, des silhouettes lourdes et faussement alanguies des hippopotames dans le fleuve boueux, des milliers de bébêtes plus ou moins effrayantes qui pullulaient, de la terre rouge, des légendes des griots…
Ce morceau de passé a un parfum de mangue
Un air de liberté, de pirogues qui tanguent
L’Afrique danse encore lorsque j’écris ces mots
Les rires que j’y entends ont d’étranges échos…
Devant la maison de mon grand-père, il y avait un énorme Flamboyant. Ces arbres magnifiques, aux fleurs sanglantes, sont omniprésents en Afrique. Ils font l’admiration de Nolimé, et symbolisent pour ma part cette partie de ma vie…
A chacun de mes voyages sous d’autres tropiques, j’ai croisé la route de ces géants peu discrets, qui affichent orgueilleusement leurs superbes fleurs rouges et offrent l’ombre propice au calme et au repos. Cuba, Canaries, Turquie, Maroc…
A chaque nouvelle rencontre, c’est mon enfance que j’ai retrouvée, intacte, intense.
Il était juste que, dans l’un de mes romans, je rende un modeste hommage aux superbes ramages pourpres qui ont émerveillé la petite fille que j’étais… Et qui n’a pas tant grandi que ça, au fond.
Au pied d’un Flamboyant un matin je suis née
Depuis, obstinément, je reviens le hanter.
Suivez-moi !