L’irlandaise africaine

Posted by on 1 Fév 2015 in Articles divers | 2 comments

IRLANDEJe suis une fille du sud. On peut faire plus du sud, certes, mais il faut aller jusqu’au Pôle : je suis née au Congo, à Pointe-Noire. De mon enfance africaine, j’ai gardé des images, des sons, des odeurs : éclats brûlants de soleil, rives boueuses des fleuves dans lesquels des hippopotames jouaient à dormir ; lézards transparents dont on voyait battre le cœur et le goût des mangues et des papayes. Des odeurs puissantes, épices et terre brûlée, des lumières aveuglantes, des couleurs fulgurantes comme les ramures carmin des flamboyants devant notre maison en pisé.

Quel lien avec Dia Linn, me direz-vous ? J’y viens, j’y viens.

Si j’ai choisi une terre de brume, de brouillard et de légendes celtiques pour décor de ma saga, en lieu et place de l’univers brûlant et magique de mon enfance, c’est parce que je suis une africaine irlandaise. Ou une irlandaise africaine. Enfin je ne sais plus trop. 😉

Quand j’ai posé mon 1er orteil en Irlande, c’était comme si je rentrais chez moi. J’ai vécu au Congo, au Burkina Faso, au Sénégal, j’ai voyagé un peu partout dans le monde, Italie, Maroc, Canaries, Cuba, Grèce, Turquie… Mais c’est dans les collines venteuses, dans la tourbe, et au milieu des moutons à tête noire que je suis rentrée chez moi. Ne me demandez pas pourquoi.

J’ai les yeux verts, une peau de rousse, les autochtones me prenaient pour l’une des leurs – enfin, jusqu’à ce que j’ouvre la bouche parce que mon anglais… heu… comment dire ? présente quelques lacunes^-^. Ils m’ont accueillie avec leur gouaille d’Irlandais curieux et bavards, m’ont collé un verre d’un demi-litre de liquide épais et noir dans les mains quand j’ai fièrement demandé une Guinness – sláinte (« à la vôtre », en gaélique)… ça se boit pas ce truc, ça se mâche ! 🙂 – et ils m’ont parlé, parlé, à toute allure, avec leur accent impossible, ils m’ont emmenée dans des endroits où les panneaux indicateurs – en gaélique – tournent au gré du vent et où des châteaux en ruines attendent leurs fantômes familiers ; près des lacs où, dit-on, des rois sont retenus prisonniers… Je n’ai pas compris grand-chose à ce qu’ils m’ont raconté, mais j’ai ouvert grand mes yeux d’africaine irlandaise et je me suis fait happer par ce pays, cette langue, ces gens. Ces landes rocailleuses et ces chemins cernés de petits murs de pierre, ces collines d’un vert IRLANDE MOUTONSpresque indécent avec les moutons pour seuls compagnons… et le ciel immense et magnifique, les lacs et les monastères, les automobilistes d’une politesse exquise – et prudente, conduite à gauche + touriste = danger ! – et les Fish and chips et les histoires drôles qu’ils sont seuls à comprendre mais ce n’est pas grave, rions !

Oh oui, je suis devenue irlandaise le jour où j’ai posé le pied en Irlande. L’Afrique, j’en ai parlé dans mon premier roman, L’Heure du Tigre, mais elle mérite largement d’autres mots ; que je réserve pour d’autres œuvres. Dia Linn est mon hommage à l’Irlande ; à ce pays incroyablement vivant qui a réussi ce miracle de conserver sa culture intacte tout en évoluant, qui a vécu des siècles d’exodes, de famines, de guerres civiles et de terrorisme sans jamais cesser de rire, de boire et de danser – pas forcément dans cet ordre… La fille du sud est devenue celte.

Mais non, merci, je ne mangerai plus de Guinness. N’insistez pas. 🙂


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2 Comments

  1. Belle déclaration d’amour ; celui que l’on choisit.

    • Merci Claude ! 😉

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