Photographie : « Instant mégalo » ^^ © Esther Piedrabuena
Aux EHJ, la parité, ce n’est pas du blabla. Et question mecs, on ne se plaint pas…
On a, au choix :
– Gaël : le piquant, le mordant, l’ardeur de la jeunesse, tout ça tout ça…
– Seb : le faux méchant (ou le faux gentil, enfin bref), le baroudeur, surnommé « l’homme au doigt qui tue » mais ne nous demandez pas pourquoi
– et enfin Jérémy, qui provoque des réactions épidermiques parmi la gent féminine – et non, ce n’est pas du tout pour ce vain détail que nous avons décidé, Cathy et moi, de l’interviewer !
Kathy Dorl : Aujourd’hui, dans la parole est à vous mais pas trop nous recevons, le grand, l’extraordinaire, le « il est trop chou ! » * : Jeremy Calli
* signé Mpi Bardou*
** mais oui, j’assume ! (Mpi)
Graphiste web/ print/motion indépendant (hasta la victoria siempre), né certainement en 1970 (ça m’arrange surtout s’il est vraiment chou) Jérémy Calli devrait absolument vivre et travailler dans le Sud de la France (normal, j’y suis)
Mpi : oui, heu bon…. 1970, ça me va, mais pas de pot Cathy, il est localisé tout près de chez moi, et paf !
Après des études studieuses, le nez plongé dans le décolleté de sa voisine de classe, il se lance en tant que travailleur indépendant, free-lance. Il rencontre une maison d’édition EHJ pour laquelle il réalise la direction artistique des couvertures de livres.
Simultanément, il développe des projets pour le Festival Cinespaña, l’Escuela Internacional de Cine y TV de La Havane à Cuba, le Centre de Imagen y Sonido au Panama pour n’en citer que quelques-uns.
Ce sacré Cupidon ajoute une nouvelle corde à son arc avec la réalisation d’un tournage sur les formations professionnelles en Birmanie tourné avec Enfant du Mékong.
Baroudeur, grand récolteur d’images, c’est entre deux avions que nous le recevons aujourd’hui dans les studios MPI-PL’s (Même Pas Idéale Pour Lui Snif)
Mpi: Pffff, ça commence fort ! ^^
1/ Kathy : Tes réalisations assez éclectiques te permettent de grandir et de t’épanouir dans les métiers de l’image. Comment te sens-tu aujourd’hui ? (Punaise ça c’est THE QUESTION journalistique)
Mpi: Ah ben le pauvre, qu’est-ce que tu veux qu’il réponde à ça ? Qu’il s’est planté de voie et aurait dû choisir cosmonaute ?
Je laisserai planer le mystère sur certaines informations dites précédemment ! Le rêve d’enfant que je n’ai pas concrétisé c’est pas très loin de cosmonaute, c’était pilote d’avion de chasse ! Mais avec la vue de taupe que j’ai ( port de lunettes obligatoire devant un écran ) j’ai dû renoncer à ce rêve d’enfant ! Passant la plus part de mon temps à dessiner ( y compris en classe, mais ça ne veut pas dire que le contenu du cours ne m’intéressait pas !) c’est avec beaucoup de satisfaction que je m’amuse beaucoup en travaillant aujourd’hui 🙂
Bref, pour répondre davantage à la question de Cathy, (parce que je me suis un peu perdu entre temps ) j’essaie de faire marcher mon activité et tirer un maximum d’avantages de ma situation de free : grande liberté car je peux varier les projets, et effectivement, la liberté de collaborer de l’autre bout du monde, et ça ça n’a pas de prix !
2/ Mpi : Parle-nous un peu plus de ton travail en dehors d’EHJ : c’est quoi, en gros, un graphiste ? (non, non, je ne demande pas ce qu’est un gros graphiste, m’enfin !)
Kathy: On peut lui demander ce qu’est un graphiste trop chou…
Photographie ©Antoine Bresson
Choux de brussel ? Choumareur ? Choumarin ? Un graphiste, de mon point de vue, c’est quelqu’un qui sait se mettre dans la tête du commanditaire de l’illustration, du support de communication. Il s’agit de prendre de la hauteur vis à vis de la création d’un visuel (faut planer un peu !) : y agencer des astuces, des associations qui servent l’idée de l’autre. Mais dans un même temps, il faut savoir aussi se servir des outils de créations: les logiciels ne manquent pas et, parfois, arriver à matérialiser ce qu’on a en tête est parfois pas facile… alors imaginez matérialiser quelque chose qu’il y a dans la tête de quelqu’un d’autre ! ^^
D’un point de vue technique, réaliser un site internet ou un générique, ou faire du montage vidéo sont des taches qui ne se ressemblent pas du tout !
3/ Kathy : Quel est ton 06 ? Oups pardon (c’est vrai il est crô magnon, euh mignon) ! Parmi toutes tes activités, quelle est ta plus belle réalisation, celle dont tu es le plus fier ? Ou celle qui t’a le plus touché, ému ?
Mpi: N’en profite pas, hein ? Mais bon, tu peux quand même le donner, ton 06…
C’est super dur comme question ! (pas la question sur mon numéro de tel, la seconde :-)) Parce qu’en fonction du projet, que ce soit un générique, une couverture, une affiche… ça ne mobilise pas les mêmes techniques ! Par exemple, la réalisation du générique de Cinespaña : j’adore inventer l’histoire à partir des éléments de l’affiche, y mettre un rythme, inventer l’ambiance ! J’avoue sans exagérer adorer composer un univers graphique pour chaque couverture EHJ, c’est pour moi à chaque fois un bon shoot de créativité pure !
4/ Mpi : Raconte-nous comment tu as poussé la porte des toutes jeunes Éditions Hélène Jacob… un peu de piston, peut-être ? Allez, ne rougis pas !
Kathy: En activant la poignée de la porte peut-être ?
C’est en ouvrant la porte du Bureau de RV (nd: Hervé Jacob, époux dévoué de la Big Boss), que tout à commencé. ^^ Je suis venu lui demander un précieux coup de mains pour l’export de mon premier générique de Cinespaña ! Il était étonné de rencontrer un infographiste, en vrai ! Parce que sur les effectif de l’ESAV, depuis que l’option infographie de Castres était fermée, on nous comptait sur les doigts d’une seule main ! Depuis, j’ai quitté l’école, mais passer le voir est toujours aussi sympa, pour voir ce qu’il mijote comme clip pour tel ou tel livre et papoter rugby ^^ Bref, je vous laisse imaginer la suite, je n’imaginais pas ce qui allait arriver après 😉
5/ Kathy : Tu as été sur le terrain lors de votre reportage sur les formations professionnelles en Birmanie. Des débouchés ? 🙂 (Blague mis à part, on veut tout savoir)
Mpi: Je me dissocie totalement de ces allusions tendancieuses, note bien…
Après cette aventure, je réalise bien mieux la quantité de travail nécessaire pour la réalisation d’un reportage, c’était une super expérience ! J’ai retrouvé une de mes meilleurs amies, expatriée pour cette même association, et ce fut pour nous deux un apprentissage très enrichissant. Se connaissant sur le bout des doigts, ça aide. On a rencontré des jeunes qui montrent tellement de détermination pour réussir et réaliser leurs rêves, ça donne la frite, la pêche, la pomme, la poire… ^-^
6/ Mpi : Est-ce que « Graphiste web/ print/motion indépendant » (je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire, bondiou !) était ton rêve quand tu étais petit ? Oui, parce que nous on aime les rêves qu’on fait, petits – pas les petits rêves, hein ? Enfin je me mélange un peu les pinceaux, là…
Kathy: C’est vrai que c’est un peu le foutoir dans ta question…
J’ai toujours eu mes petits instant rêveur depuis tout jeune en dessinant; donc, non, c’était clairement pas ce que je pensais devenir, mais ça me permet vraiment d’apprécier ce travail ! C’est finalement très « immersif » pour moi, cette activité. Je vais donc traduire mon appellation ;-): le Web, c’est tout ce qui est support numérique : les sites, mobile, etc. Le Print, c’est ce qui concerne l’impression, les supports papier de communication. Puis, le « motion » (qui est aussi un anglicisme, et le moins clair des trois, j’imagine !), c’est en référence au « motion design », le design d’animation !
7/ Kathy : Demain le Captain Paul Waston te demande de contribuer gratuitement à sa nouvelle campagne Sea Shepherd mais il faut partir 6 mois en mer, pour s’imprégner. Tu lui dis quoi ?
Mpi: Banzaïiiii !
Je pense que je lui dis banzaiiiiiii oui 🙂 Surtout si le quotidien, c’est l’attaque de baleiniers et l’arrêt dans les plus fameux ports de la route du rhum !
8/ Mpi : Qu’est-ce que tu aimerais accomplir, dans ton travail ? Qu’est-ce qui te tient le plus à cœur ? Un projet spécial ?
Kathy: Cosmonaute, et vlan
Les belles couvertures encore et encore 🙂 Et pourquoi pas de belles affiches, que je pourrais voir dans la rue, en regardant comment les gens les observent, les aiment ou les détestent !
9/ Kathy : Tu collabores avec les EHJ depuis des années, de longues années … (oui mais non mais c’est le suspens journalistique). Dis-nous tout !
Mpi: Dis-nous tout ? Ben tu ne te foules pas !
Tout 🙂
Mpi: héhéhé
Photographie ©Antoine Bresson
10/ Mpi : Parce que mes questions sont beaucoup plus factuelles que celles de Cathy, dis-nous quelle méthode, quelle organisation vous avez avec Hélène et Gaël : ils te donnent le résumé du bouquin, des préconisations générales ? Ça te suffit pour te lancer ?
Kathy: Vous pouvez répéter la question ?
C’est pas que ça me suffit pour le lancer, c’est que ça m’aide énormément ! Hélène et Gaël ont identifié les besoins, l’envie, les coups de cœur de l’auteur, en général avec beaucoup de précision. Et cela m’aide et, en général, m’inspire beaucoup ! Le plus dur, c’est de trouver le graphisme le plus pertinent, pour être au maximum en phase avec l’idée de l’auteur.
11/ Kathy : Comment préfères-tu travailler ? Carte blanche ou selon les directives des auteurs/EHJ ? Ça ne doit pas être facile de concevoir l’image que l’auteur imagine ? Non ?
Mpi: Oui, bon, c’est un peu la même question…
Suivant la thématique du livre, avoir une envie très précise de la part de l’auteur est parfois très utile, car c’est souvent difficile de cerner quelle image correspond le plus au thème, à l’intrigue. Mais, parfois, avoir carte blanche peut amener de bonnes surprises à l’auteur, car il m’arrive de proposer des associations d’idées parfois surprenantes (en bon comme en mal ^^), ça a le mérite de proposer des pistes originales; l’intérêt de l’auteur, c’est quand même que les gens s’arrêtent devant une couverture qui pique leur la curiosité.
12/ Mpi : Parce qu’on aime les infos croustillantes, avoue que parfois (mais si rarement !) certains auteurs poussent le bouchon un peu trop loin… quelle a été la pire expérience, pour toi ? Promis, on mettra des **** à la place des noms !
Kathy: Ah ben voilà, une question qu’elle est bonne. Je m’installe avec des pop-corn, comme au ciné
Le choix d’une image n’est jamais évidente. Un livre c’est tellement personnel, ça touche presque à l’intime; et je comprends que la couverture doit être un prolongement de la plume de l’auteur. Donc avec ma plume à moi, mon crayon, mon ordinateur, j’essaye d’achever cela. Mais les goûts et les couleurs.. vous savez 😉 ( je pourrais m’échapper de la question, là ? ^^)
Je vais pas donner une couv’ mais illustrer plutôt avec les situations qui sont les moins marrante pour moi (c’est aussi ça le métier, le but c’est que le client soit content !): quand vous avez proposé un graphisme vraiment soigné et équilibré, et que l’on vous demande de le déconstruire, petit à petit. Ma vision, bien que subjective, est là pour servir en expression graphique les propos de l’auteur, pour rendre la couverture plus attrayante, donc ça c’est dur ( des fois, c’est moi aussi qui me plante, hein ! Ça arrive aussi ^^) Sinon, à l’inverse, quand ça prend peu de temps à réaliser ( attention je vais me plaindre pour rien) je suis frustré de ne pas consacrer davantage de temps à comprendre l’histoire, quoi mettre en avant, etc. C’est dur aussi.
13/ Kathy : Quelle(s) est/sont ta/tes couv’ préférées ? Et pourquoi ? (Mpi sors ton flingue)
Mpi: Je dégaine…:)
Super dure la question ! 🙂 il y en a tellement, pour des raisons différentes ! Mais si Mpi me braque avec son flingue, je vais être obligé de dire Dia Linn ^^ Sérieusement, vu qu’à chaque fois c’est tout un univers graphique à inventer, j’en ai beaucoup de préférées !
14/ Mpi : Et celle que tu préférerais que tout le monde oublie que c’est toi qui l’a faite ? (je sais, ce n’est pas très français, mais tu vois ce que je veux dire… 😉
Kathy: Toi-pas-aimer-quelle-couv ?
Étant chou mais un peu chèvre, je vais m’abstenir de répondre 😉
15/ Kathy : Dernière question avant ton vol pour la Papousie-Nouvelle-Guinée : La ventriloquie est elle une voie possible pour tous les schizophrènes ?
Étant moi même schizophrène à mes heures perdues, je leur conseillerais la recomposition de leurs différentes facettes, par l’absorption d’un grand verre d’huile d’arachide, et un peu de méditation, kamoulox.
Et un grand merci à Jérémy, dit « Le Chou » – et qui mérite amplement son surnom ! -, pour avoir gardé son sang-froid et son humour en répondant à ces questions un poil sous emphèt’ !!! 🙂
Les filles, cette interview est vraiment géniale !
Et moi qui utilise « chou » à tout va, vraiment je me régale !
Merci pour ce moment aussi instructif que drôle.
Ah la vache, ça fait du bien aux zygomatiques !
Merci Marjorie, et moi aussi je suis assez « chou » dans mes expressions ! 🙂
Et merci Alex, Marie-Sophie, Madeline, Véranne … d’avoir apprécié notre délire à Cathy et à moi ! ^^