Pour le tome 4 de Dia Linn, Une Bealach, je mets en scène les descendants de Wyatt : les jumeaux Aindreas et Siobhán sont plongés dans la tourmente de la dernière grande guerre indienne, opposant le Gouvernement aux nations des Grandes Plaines : c’est la célèbre et sanglante bataille de la Little Big Horn.
Petit retour en arrière…
1874. Les États-Unis pansent encore leurs plaies après la guerre de Sécession – le conflit qui, à ce jour, a été le plus meurtrier de leur histoire.
Pour Sheridan, il est temps de régler définitivement le « problème indien ».
Le massacre de la Washita, en 1868, a lourdement grévé les rapports entre les nations des Grandes Plaines et les colons. Les Cheyennes survivants du massacre se sont réfugiés dans le camp des Sioux de Crazy Horse, qui les ont accueillis à bras ouverts : ils décident tous de rejoindre Sitting Bull et de rester ensemble. Après tout, Cheyennes, Arapahos et Sioux sont des alliés naturels depuis des siècles. Et l’union fait la force, surtout en ces temps troublés.
Une cohésion exceptionnelle se produit autour d’un chef principal, Sitting Bull: du jamais vu pour ces peuples farouchement individualistes ! Sitting Bull et Crazy Horse se sont toujours tenus à l’écart des Blancs, et ont refusé de mener leur clan dans les réserves.
En violation du traité de 1868, qui assurait au Indiens la propriété des terres de leurs ancêtres, Custer mène une expédition militaire et scientifique dans les Black Hills; il a en fait pour but de vérifier s’il y a bien de l’or. Moins d’un an plus tard, quinze mille prospecteurs ont envahi les montagnes sacrées.
En juin 1876, sur l’impulsion de Sitting Bull, les Sioux Tetons et Lakotas célèbrent leur cérémonie sacrée du Soleil.
Les Indiens confinés dans les réserves sont invités à la Danse sacrée, pour revivre leur existence d’antan une dernière fois. Les Blancs les laissaient alors à peu près libres de sortir et de se déplacer à leur gré, car ils savaient que les Indiens allaient devenir de plus en plus dépendants : les bisons disparaissaient des Plaines, et avec eux leur unique moyen de subsistance.
Bientôt, ils sont huit mille, réunis autour de Sitting Bull.
Nous sommes à Deer Medicine Rock, « le rocher de la médecine du cerf » : de grands blocs de pierre dressés au bord de la rivière Rosebud. Hunkpapas, Oglalas, Minneconjous, Sioux Blackfeet, Sans Arcs… et quelques familles de Brûlés. Un saint homme choisit le peuplier à abattre pour en faire le pilier central de la loge de cérémonie. Le tronc est maintenant peint en bleu, en vert, en jaune et en rouge : quatre couleurs pour les quatre directions. Avant d’entrer dans la grande loge, dressée près du cercle sacré, les hommes se purifient dans la loge de sudation. Ils prient Wakan Tanka, le Grand-Père, le Grand Mystère.
La cérémonie est commune à toutes les tribus des plaines, pendant la Lune-Où-Tout-Prospère, en juin – ou pendant la Lune-Où-Les-Cerises-Noircissent, en juillet… et toujours en période de pleine lune. Les Sioux l’appellent wiwanyag wahipi : la danse face au soleil.
Pendant l’année, en prévision de cette grande cérémonie, Sioux et Cheyennes font vœu d’offrir leurs souffrances devant l’arbre sacré ; les jeunes se préparent à l’initiation pour devenir adultes. En sacrifice, ils s’entaillent la peau, se tranchent un doigt.
La cérémonie la plus importante, et la plus spectaculaire, est celle du percement : danser devant l’Arbre, endurer une douleur extrême en expiation de ses péchés, contrôler ses passions, entrer dans le royaume de Wakan Tanka…
Le guerrier se fait percer la poitrine d’une broche en bois, qu’on attache à des lanières de cuir fixées dans l’Arbre sacré. Un sifflet en os d’aigle à la bouche, le guerrier danse… En se penchant en arrière, il tend les lanières de cuir ; le rythme des tambours s’accélère jusqu’à ce que la peau se déchire en libérant les deux broches. Le guerrier tombe au sol, délivré de ses transgressions passées. La danse peut durer des heures, des jours, des nuits entières. Jusqu’à ce qu’il tombe, le guerrier danse et attend la vision de Wakan Tanka.
Sitting Bull danse toute la journée et toute la nuit. Wakan Tanka est généreux : il lui envoie une vision de soldats s’abattant sur le camp, et sa voix lui transmet le message suivant : « Je te les donne car ils n’ont pas d’oreilles ». Les Indiens se réjouissent, car les Blancs n’ont pas d’oreilles pour entendre la vérité…
La veille de la bataille, un prophète cheyenne, Bix Elder, envoie un messager dans tout le camp pour prévenir les guerriers d’une vision qui lui a été envoyée: un Cheyenne a poussé un cri de loup et un loup lui a répondu. Cela signifie de la chair fraîche et des morts, des soldats.
La bataille de la Little Big Horn peut maintenant commencer.
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