Funérailles celtes : de l’oraison funèbre au whisky…

Posted by on 22 Fév 2015 in Histoire | 0 comments

image couv Dia Linn 1Lorsque je me suis lancée dans l’aventure de Dia Linn, je ne connaissais pas grand-chose à l’histoire irlandaise.

Pour moi, c’était seulement un pays magnifique, des gens chaleureux et prolixe, curieux et drôles, qui aimaient raconter de vieilles histoires et tout savoir sur leur interlocuteur – la curiosité légendaire des Gaëls !

Lorsque j’ai visité l’Irlande, je me suis sentie chez moi. J’avais l’impression que je retrouvais mes racines – pour information, je suis née… au Congo ! 🙂

Cela m’a suffit pour me lancer.

Les premières recherches historiques ont été… comment dire? Douloureuses! Maintenant, je suis rodée et bien organisée, les employés de la médiathèque de Toulouse me voient arriver avec une certaine inquiétude et je sais où aller chercher, fouiner… Mais ce n’était pas le cas pour le premier tome.

 J’ai eu pourtant une chance incroyable : en fouillant désespérément sur le net, je suis littéralement tombée sur un vieux manuscrit d’un ermite irlandais : en 1840, il a passé vingt ans à parcourir son propre pays pour consigner les us et les coutumes, les mentalités et le quotidien de ses compatriotes… Une véritable pépite !

« Les mémoires d’un ermite dans l’Irlande du 19ème siècle » ont été écrites en gaélique, puis traduites en vieux français dans les années 1850 : un passionné a eu la miraculeuse idée de scanner le manuscrit – qui est en dépôt à la bibliothèque de Dublin – et de le mettre sur la Toile… Une mine d’or !

Parmi toutes les informations que j’ai pu y glaner, celles concernant les funérailles irlandaises étaient les plus surprenantes.

 Le tome 1 de Dia Linn, Terra Mahurr, le livre d’Eileen, s’ouvre sur un décès. J’ai pu ainsi rendre l’atmosphère si particulière des rites funéraires dans les campagnes irlandaises.

Imaginez une masure – à l’époque, les cottiers, les petits paysans, vivent dans des bicoques sans fenêtres, construite en bois et en tourbe. Dans l’unique pièce, où vivent la famille et le cochon, le corps du défunt est exposé sur un lit recouvert de draps blancs.

À la tête du lit, par ordre de préséance, la mère, le père, les fils puis les filles de la plus âgée à la plus jeune.

Tous les amis, la famille, mais aussi les voisins, employeurs, relations professionnelles… bref, tout le village s’entasse dans la masure, pendant qu’une vielle femme entonne un chant funèbre : elle l’improvise, en vers, brodant sur les mérites et la vie du défunt ; à la fin de chaque strophe, les invités poussent une clameur.

Peu après, les hommes de la famille se lancent dans le caïone : c’est une oraison funèbre, en vers également, mais composée à l’avance. Les origines de cette cérémonie sont très anciennes, à comparer avec les rites grecs et romains – les romains lançaient leur ultime cri d’adieu sur les cendres du mort, l’ululatus. En celte, on le nommait hullulo ou caoïne, ou encore keenan.

 Dans le même temps, les invités – tout en participant aux oraisons, bien sûr – mangent, boivent le poteen et fument le tabac mis à disposition par la famille. Ces familles, qui parvenaient à peine à se nourrir correctement, n’hésitaient pas à épuiser leurs réserves d’une année entière pour honorer correctement leurs morts !

Inutile de dire qu’au bout de quelques heures, toute la dignité et la solennité du moment ne sont plus exactement à l’ordre du jour : les invités sont bourrés comme des coings, et s’adonnent souvent à des farces d’un goût douteux ! 🙂

Ces rites païens étaient proscrits par l’Église, et les prêtres n’y participaient pas : ils attendaient sagement, au cimetière, la procession qui amènerait le corps.

Ils préféraient ne pas assister à ces libations hérétiques, venues de temps où les druides étaient les seuls représentants du monde invisible, et pendant lesquelles les belles oraisons funèbres prenaient rapidement un goût prononcé de whisky ! 😉


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