Allez, une fois n’est pas coutume ce n’est pas un auteur que je reçois aujourd’hui !
Franck est mon premier lecteur-correcteur, depuis le tout début de Dia Linn. Il a assisté à la genèse de la saga, et c’est bien lui qui peut se targuer de l’avoir eu, le 1er, entre les mains ! 🙂
Et puis c’est aussi un ami, le genre de gars qui vous donne envie d’avancer et de vous lancer – pas dans le vide, quoi que, pour le fun…
C’est aussi un auteur : il écrit, oui, et même très bien ! Mais pas des romans. Il écrit des chansons, il les compose, bref c’est un artiste – what else ? 🙂 Je tenais à lui rendre hommage, parce que dans l’aventure de Dia Linn, il n’est pas question qu’il reste dans l’ombre !
1. Franck, décris-toi en quelques mots (oui, je sais, c’est dur, mais pense à une chanson, enfin un truc qui t’inspire !)
Je suis un artiste hip hop soul toulousain, plus connu sous le nom de Bibo, élevé à la soul et au rap depuis mes 11 ans, ça commence à remonter… Après plusieurs formations musicales, j’ai finalement décidé d’être musicalement seul pour me permettre de mieux m’exprimer.
2. Tu as écrit combien d’albums à ce jour ? Quand, où, pourquoi, comment, avec qui……… ?
A ce jour, il y a trois albums, dont deux disponibles sur la plupart des plateformes de téléchargement telles qu’ iTunes, Amazon, Virgin, Fnac, etc… (Le Spleen Du Guerrier et le Spleen du Guerrier Vol.2) A côté de ça, je reviens tous les ans pour balancer un projet gratuit, qui me permet de me situer dans le paysage musical et de faire la promotion des gens avec qui je travaille.
3. Qu’est-ce qui vient en premier ? Les mots ou la musique ?
La musique, c’est de là que tout part… Même lorsque j’écris un morceau a capella, je cherche d’abord la mélodie avant de trouver les paroles… La musique me donne l’émotion, m’emmène dans un endroit où je ressens certaines choses qui me permettent de retranscrire tout ce qui traverse mon esprit.
4. Tes sources d’inspirations ?
J’adore observer les gens, les écouter, c’est ma première source d’inspiration, je me suis toujours donné comme leitmotiv d’être au plus proche de la réalité dans mon écriture et de ne jamais créer de personnages ou de parler de manière trop abstraite… Ensuite, musicalement parlant, mes inspirations viennent de la soul (ancienne, nouvelle), du rap bien sûr, du gospel et de tout courant musical qui malmène mon épiderme… de Sam Cooke à Lauryn Hill en passant par Otis Redding, Whitney Houston, Erykah Badu, Mos Def, Talib Kweli, Floetry, Edith Piaf, Jacques Brel… Il me faut une voix, une émotion et je peux suivre un artiste toute la vie…
5. Je sais (si, si !) que tu as un grand projet en cours : dis-nous en un peu plus (voire beaucoup plus !)
Je ne suis que dans la conception, ce sera un projet gratuit où je retrouve la plupart des gens avec qui j’ai toujours évolué, donc très peu de choses à dire… Prévu en mai, il traitera principalement de relations humaines dans leur plus simple complexité !! J’essaie de décortiquer les échanges humains, qu’ils soient amoureux, amicaux ou familiaux ou autres… Ça me fascine.
6. Où est-ce que tu te vois dans dix ans ?
Je n’en ai aucune idée… J’aimerais voyager, rencontrer du monde et respirer de l’air pur… Donc partout et nulle part, il faut croire =)
7. Si tu devais changer quelque chose chez toi, qu’est-ce que ce serait ?
J’aimerais être moins impliqué dans les choses, je vis tout à 2000% donc tout ce que je ressens est extrême, de la joie à la colère en passant par la tristesse… C’est très enrichissant, mais épuisant voire destructeur…
8. Et dans le monde ?
J’aimerais que les gens se regardent en se disant que la personne en face n’a concrètement rien de plus ni de moins intéressant qu’eux, il suffit juste d’apprendre à se connaître et développer ses propres facultés.
9. Quel est le mot que tu utilises le plus ? Comme ça, spontanément ?
« Euh »… C’est vrai en plus… Je suis connu pour chercher mes mots, mes idées, tout s’embrouille dans ma tête, donc « Euh » est ce qui me définit le plus, quotidiennement.
10. Tu le sais, je ne suis pas une fan de rap. Hors du rock et du classique, j’ai du mal. Mais j’ai vraiment aimé ta musique ! Qu’est-ce que tu conseillerais, aux has-been comme moi, d’écouter pour changer d’opinion ? (à part toi, bien sûr !)
Je leur conseillerais du Oxmo, du Lauryn Hill, du Jean Grae, du Common, du Talib Kweli… Mais surtout, je leur dirai d’écouter quelque chose qui fait réfléchir… Le rap, à ses débuts, s’est toujours voulu revendicatif de quelque chose : un combat, une cause, un sentiment… Au-delà de rappeurs, c’est une communauté qui réclame d’être entendue… alors on peut ne pas tout aimer, mais on peut aussi se poser et se demander «Que veulent me dire ces artistes ? »
11. Sur ton dernier album ; il y a un titre en particulier que j’adore, et que j’écoute en boucle : « Moi et mon pote ». À chaque fois ; c’est toujours la même émotion. Ça fait longtemps que je voulais te demander comment ce titre a été écrit, son histoire…. J’en profite !
Moi et mon pote, c’est l’univers de la plupart des gens… la relation à l’autre, les intérêts qui nous rapprochent ou nous éloignent… J’ai écrit ce morceau une nuit, chez moi, 2h du mat… Je suis quelqu’un qui fonctionne au 1 on 1, c’est-à-dire que pour autant que je connaisse un paquet de monde, je ne suis pas très groupe, j’aime me concentrer sur mes relations au cas par cas =) … Ce morceau était vraiment une manière de raconter dans le détail comment une relation se forme, s’entretient et les raisons pour laquelle elle se déteriore, et se termine… ou pas ! Si ça te parle, je pense que c’est parce que comme les 9/10 de la population, on a vécu un truc similaire… Ensuite, ce morceau est « ré-éditable » à l’infini, transposable à l’infini dans de multiples situations, c’est la comédie humaine, c’est 1+1 ou 1 versus 1.
12. Avant de découvrir ce que tu faisais, pour moi les rappeurs étaient des grands Noirs avec des dents en or qui agitaient les mains de manière bizarre en criant « Yo ». Bon, j’ai vu qu’il y avait autre chose. 🙂 Un truc pour combattre les préjugés ?
Comme je l’ai dit plus haut, il faut toujours donner une chance à un artiste d’être écouté, en général il aura des choses à dire… Le rap, c’est une des facettes d’une culture qui est le hip hop… donc bien sûr, dans cette culture, c’est comme partout, il y a l’accessoire… Dans le rock, ce sera le cheveu long, la veste en cuir, la guitare, la violence dans l’attitude… et pourtant dans le rock, c’est parfois là que j’ai entendu les plus belles chansons d’amour… parce que je suis rentré dans l’univers d’un ou plusieurs artistes. Dans le rap, c’est pareil, il y a de tout pour tout le monde… pour ma part, je n’aime pas l’or, ni les bijoux donc l’attirail ne sera pas ostentatoire ; en revanche, j’aime parler, et j’apprécie qu’on m’écoute. Du coup, quand j’écris un morceau, je te parle, je t’embarque, je t’explique… Tu peux descendre à n’importe quel moment, ce serait certes dommage, mais au moins, tu m’auras donné une chance de converser, de te parler de moi, de ma culture, de mes convictions… Je ressens la musique comme une discussion… il suffit de voir ce que ressent une foule de gens en écoutant du gospel… quand ça parle, on ne peut pas rester indifférent. Il suffit juste que ça te parle, les préjugés musicaux, c’est pour tout le monde et comme tout préjugé, il faut aller au-delà et découvrir ce qui se cache derrière… Il y a toujours quelque chose d’intéressant derrière ce qui paraît futile ou incompréhensible.
13. Quelles sont tes influences musicales ? Je sais que tu aimes beaucoup de choses, mais qu’est-ce qui va te faire vibrer, musicalement parlant ?
De la soul et du gospel en premier lieu… Dans la musique comme dans l’écriture, c’est de l’instant présent, ça me prend aux tripes directement. Après, honnêtement, je suis très « Black music » mais j’aime écouter des chansons tristes, parce que je salue le courage de l’artiste à se mettre à nu pour me faire partager un sentiment mélancolique… C’est pour ça que le blues me parle beaucoup, mais j’ai aussi pleuré en écoutant du Lara Fabian, du Nougaro, du Louis Prima, du Nirvana… « Losing my Religion » de REM me donne des frissons depuis le premier jour où je l’ai entendue dans un épisode de Beverly Hills… La folk aussi c’est un truc de fou… Joe Purdy, Ray de La Montagne… J’aime aussi les gens dont on ne parle pas, les gens que je découvre par moi-même…
14. Est-ce que tu continuerais à écrire et à composer même si personne, jamais, ne devait t’écouter? Non, non, je sais que ça ne sera jamais le cas ! En fait ma question est : le succès conditionne-t-il ta créativité ?
Je pense que je ferais autre chose… Un écrivain a besoin d’être lu, même s’il n’écrit que sur des journaux intimes, un dessinateur a besoin d’être vu même si ce n’est que des croquis ou un tag sur un mur qu’on voit en passant… Ce que je veux dire, c’est que toute expression a la vocation d’être reçue, ou perçue, à défaut d’être comprise… On y reviendra toujours avec moi : l’échange humain. Un être humain qui parle à un être humain, quel que soit le moyen de communication, c’est « Hey, regarde, écoute, je parle… ». J’ai besoin de ça… Mais je m’y retrouve aussi bien en 1 on 1 avec toi à parler de ta vie et de la mienne… L’échange…
15. Une dernière chose (et comme c’est écrit, ah, tu es coincé !^-^) : Partant pour qu’on se fasse une chanson tous les deux, mon Frankie ?
Pourquoi pas, avec grand plaisir. 🙂
Pour les autres, pour me retrouver, vous pouvez aller sur https://soundcloud.com/negusbibz ou bien http://www.official.fm/negusbibz
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