Bloc opératoire, hôpital de Beaufays, Belgique. La jeune interne (et experte) Marie-Sophie Kesteman (dite MSK parce que c’est trop long), est penchée sur sa patiente Marie-Pierre Bardou (dite Mpi parce que c’est trop long aussi).
Par-dessus son épaule, avec sa bienveillance coutumière – ou son esprit retors – Kathy Dorl (c’est bien, c’est court) surveille attentivement les gestes de la jeune Belge en blouse verte, histoire de s’assurer qu’elle n’oublie aucun objet contondant dans le délicat organisme de Mpi.
- Kathy : Coucou MSK, pourquoi fait-il si froid dans un bloc opératoire ?
Mpi arrête de couiner, MSK tu devrais l’endormir tout de suite qu’on soit tranquilles.
Mpi : Mais heu !!! J’ai rien dit heuuuu ! Non, pas la piqûreheuuuu !
MSK : Salut Kathy ! Parce que le chirurgien et le stagiaire en chirurgie sont des Pokémons de glace. Ils aiment pas trop le chaud. Et qu’on aime bien emmerder les patients ^-^
- Mpi : MSK, déclare Mpi d’une voix pâteuse (rappelez-vous, je suis sous médoc, complètement shootée), est-ce que tu peux nous en dire plus sur tes créations littéraires d’adolescente ?
Ben oui, c’est le genre de questions qu’on pose quand on a les boyaux à l’air et qu’on voit des éléphants roses…
Kathy : bref, ton état normal…
MSK : Des questions aussi sérieuses en étant shootée ? Si j’augmente encore un peu la dose d’anesthésiant, tu chantes la Cucaracha ? 🙂
J’étais une adolescente très timide et je me réfugiais volontiers dans la littérature : Les poèmes, puis plus tard les romans. Je me sentais « inadéquate » dans la société.☺ Du coup, j’ai créé ma propre société, où je me sentais intégrée, acceptée, moi-même : L’Edénie. Je me sentais tellement « hors sujet » que j’ai longtemps attendu ma lettre pour Poudlard. J’ai fini par me résigner… L’année dernière.
3. Kathy : Allez, deux petites questions décalées : que sais-tu faire ce que peu de gens peuvent faire ?
Sauf casser les bonbons, c’est Mpi qui a la première place sur le podium.
Mpi : Arrête de parler de bouffe, beurk !
MSK : Mes genoux se plient vers l’arrière (comme tout le monde quoi), et vers l’avant ? 🙂
- Kathy : Dieu créa la femme. T’aurais créé quoi, toi ?
Elle dort ?
Mpi : Nan, je dors pas ! Écarte ce truc de mon œil !
MSK : Une barre de chocolat qui a le goût du Kinder-surprise, ne s’épuise jamais, ne fait pas mal aux dents, fait maigrir et ressemble à une carotte (pour pas que ma mère m’engueule).
- Mpi : Comment as-tu découvert les Éditions EHJ ?
Au passage, si tu pouvais enlever ce truc brillant que tu as laissé traîner dans mon intestin grêle, tu serais bien urbaine…
Kathy : MSK, balance ta boîte à outils !
MSK : En fouillant sur le net. Ce que j’ai aimé dans les EHJ, c’est que leurs romans étaient difficilement accessibles en Belgique pour les librairies. Je n’ai aucune envie de mélanger ma carrière médicale et mon amour pour l’écriture.
- Mpi : Tu es bien installée aux EHJ ? Tu as tout ce qu’il te faut ?
(Café, croissant, conseils judicieux, aide d’urgence dans les situations de crise…)
Kathy : et patati et patata, quand on veut caresser dans le sens du poil, on prend un chat et pis c’est tout !
MSK : Eh bien écoute, j’y suis si bien que je ne compte pas bouger de sitôt… *Chuchotements* : Le café j’aime pas ça, mais leurs croissants… j’en ai jamais vu la couleur. Je suis persuadée qu’ils se font des orgies culinaires entre boss EHJ.
- Kathy : Quel autre personnage de fiction aurais-tu aimé être et pourquoi ?
Non elle ne sont pas crétines mes questions, tu veux que je t’endorme à coups de pelle ?
Mpi : Tu profites honteusement de mon état de faiblesse temporaire… MSK, défends-moi !
MSK : Harry Potter ! Parce que lui, il l’a reçue, sa lettre de Poudlard ! Pistonné ! J’ai rêvé toute ma jeunesse du « monde de la magie », et je continue aujourd’hui d’en rêver.
- Mpi : Parle-nous un peu de ta saga : combien de tomes ? Prévus pour quand ? Ça parlera de quoi ? On va pleurer ? De rage ? De tristesse ? De jalousie ?
Kathy : On croirait lire du Corneille : Ô rage, Ô désespoir…
MSK : C’est une saga fantastique de 5 tomes qui a pour thème la bataille ancestrale qui doit opposer les Enfers au Paradis, les anges aux démons. C’est l’histoire d’une jeune humaine embarquée de force dans ce monde que les Hommes appellent « Paradis ». Elle va détester ce monde, s’y attacher, et tenter de le défendre. Est-ce que vous allez pleurer ? Je ne sais pas… Mais moi j’ai pleuré en l’écrivant. De joie et de tristesse. De rage et de désespoir.
- Mpi : Est-ce que tes romans sont inspirés de ton univers professionnels ?
Non, parce que si c’est le cas, pour les dialogues c’est relou vu qu’un des deux protagonistes est dans les vapes… Il faut sacrément maîtriser l’art du monologue !
Kathy : je n’ose même pas imaginer ton débit quand tu n’es pas dans les vapes…
MSK : Comme je passe 87% de mon temps à l’hôpital et 13% à dormir… Je dirais que oui. La plupart de mes personnages sont directement inspirés de patients que j’ai rencontrés, de leurs histoires, de leurs malheurs…
- Kathy : Parle-nous de ton premier roman « Le Chirurgien » oups pardon « Le Livreur ». Bon c’est un peu pareil, on les attend tous les deux 🙂 . Comment t’es venue l’idée pour le moins originale de ce roman ?
Non Mpi, ne réponds pas, ce n’est pas à toi que je pose la question (pfiou les effets des calmants sont surprenants chez elle)
Mpi : Mais je suis là, mouah ! Eh oh, Y’a quelqu’un ?
MSK : Je fais beaucoup de baby-sitting. Un soir, alors que les enfants dormaient, je regardais un film qui racontait l’histoire d’un « père Noël secret » qui déposait des sucreries pour les employés de son entreprise. J’ai alors pensé que les légendes de « père Noël » et « Saint Nicolas » étaient les plus belles qui puissent exister. Vous vous souvenez de l’excitation qui s’emparait de vous quand vous découvriez vos cadeaux un matin. Moi, ça me procurait des frissons. Je me suis dite ce soir-là que je donnerais tout pour croire à nouveau à une de ces légendes. C’est comme ça que « Le Livreur » est né. J’ai voulu créer un conte qui avait la même saveur. Qui procurait les mêmes frissons.
- Mpi : De quoi as-tu toujours rêvé depuis ton enfance ? Faire le tour de la terre, sauver le monde de la famine, battre le record de vitesse d’engloutissage du Nutella, militer pour la sauvegarde du Minioptère de Schreibers ? Dis-nous en un peu plus sur les désirs secrets de la jeune MSK…
Kathy : elle nous refait un remake d’ «Hélène et les garçons » *soupirs*…
MSK : De pouvoir rendre les gens heureux. Je ne supporte pas de voir quelqu’un souffrir, et d’être impuissante… D’où ma vocation.
Mpi : d’un coup, j’ai l’air très cruche avec mon Nutella… *soupir*…
- Kathy : Où trouves-tu le temps d’écrire ? Comment t’organises-tu avec tes études de futur médecin ?
Mpi, on fait le canard, sinon j’appuie sur la petite pédale et tu vas te retrouver coincée comme une saucisse dans un hot-dog.
Mpi : Mais t’es obsédée par la bouffe, toi ! Beurk, je te rappelle que j’ai les tripes à l’air, là !
MSK : Je suis un oiseau nocturne. Une chouette (Parce que c’est classe une chouette). Je suis totalement improductive entre 8h et 23h. Mais entre 00h00 et 5h00… Sinon, j’écris partout. Surtout là où je ne devrais pas : En cours, aux fêtes de famille…
Et paf ! Elle est pas mal, celle-là, non ?
Cathy : Je peux tester le scalpel ? Sur Mpi ? Un petit bout ? Un tout petit, un piercing dans l’oreille ou le nombril ? Non ? Bon, Ok.
MSK : Le stylo ! Le scalpel, j’adore, mais mon genou droit beaucoup moins. Un jour, en cours de dissection humaine, une amie a laissé tomber son scalpel sur mon genou : 7 points de sutures et une cicatrice de 6 cm. Quand on me demande, je dis qu’un T-Rex m’a mordue. ^-^
- Mpi : Et pour finir (parce que de toute façon, il a eu la main lourde, ton anesthésiste … je suis de plus en plus pâteuse !) si tu pouvais me réciter quelques-uns de tes vers enfiévrés d’adolescente, ça m’aiderait grandement à m’endormir… Allez, quoi, sois chou !
Kathy : Y’a une issue de secours dans les blocs opératoires ?
MSK : Bon… Je m’apprête à me taper une honte intergalactique. Soyez indulgents : je sortais d’un rupture amoureuse terrible ! Et vous savez comme les adolescents y sont sensibles !
« Je suis à la fenêtre à guetter, comme tous les samedis soirs, une silhouette emmitouflée d’un grand manteau noir qui depuis 2 mois déjà ne vient plus vers moi. Je suis devenue aveugle à t’avoir trop guetté quand l’ombre de la nuit noire venait sur moi se poser. Le marchand de sable semble m’avoir oubliée quand le samedi soir je guette tes pas dans l’allée. Mais jamais au grand jamais je ne les ai entendus résonner. Le doux toucher de tes lèvres je l’ai oublié. Oh pourquoi, mon tendre amour, m’as-tu donc laissée ? »
Mpi : Mais c’est très beau ! Kathy, arrête de pleurer, ou au moins prends un kleenex stp !
Kathy : Je ne pleure pas, c’est une crise d’allergie.
- Kathy : Un selfie, on veut un selfie !!
Non pas avec Mpi, elle n’est pas à son avantage, après elle va râler, laissons-la pour l’instant découvrir tes « Chroniques Célestes » dans les bras de Morphée.
Mpi : Mais je veux être sur le selfie, je veux être sur le selfie ! Même avec une blouse verte immonde qui te couvre même pas les fesses ! Enfin évite de zoomer là, hein, quand même…
MSK : Avant toute chose, cette photo mérite une explication. Avec ma meilleure amie, nous avons une tradition : « La photo étrange du mardi ». Nous nous échangeons tous les mardis une photo « bizarre ». C’est une de ces photos.
NB/ Mpi : Au fait… T’es sûre que t’as rien oublié, là-dedans ? Non, parce que si tes copains appellent mon sternum pour te joindre, ils risquent de ne pas reconnaître ta voix…
NB pour Mpi / Kathy : pour la bonne réception des messages de MSK, vaut mieux éviter les flageolets…
Sur cette dernière note d’une extrême délicatesse (n’est-ce pas ?) nous remercions chaleureusement MSK dite Le Hibou (ou La Chouette ? Bon, on s’en fiche !) d’avoir eu l’amabilité de supporter notre semi-hystérie et de s’être prêtée au jeu ! Mais avec un scalpel en main, ben ça aide un poil à se faire respecter, quand même… 🙂
Dans le genre délire, zêtes un trio de choc ! 😀 :-p
Merci Agnès ! 🙂