Il y a quelques semaines, un article circulait sur la Toile, celui-ci : http://theconversation.com/non-lecrivain-nest-pas-une-espece-menacee-53905
Ce à quoi mon éditrice a répondu, fort justement – non, non, je ne cherche pas à rentrer dans ses petits papiers et à la mettre en bonne condition pour accepter mon 9ème manuscrit… ça ne marche jamais avec elle, pffff – ceci : « Personnellement (et là, je parle à la fois en tant qu’auteur et éditrice), je pense qu’il est important que chacun se redemande pour quelle raison essentielle il/elle écrit, avant tout, ceci pour éviter de grandes désillusions. »
On parle ici de reconnaissance, du besoin de beaucoup d’auteurs de se démarquer du lot des centaines d’ouvrages publiés chaque jour que Dieu fait et de connaître enfin la Gloire, la Fortune et tutti quanti.
Bon, ok. J’ai envie d’être lue. Si ce n’était pas le cas, je garderais mes écrits dans un tiroir et n’en ferais bénéficier (ou subir, c’est selon ! ^^) que mes proches et ma petite personne. Après tout, pourquoi pas ? C’est tout à fait honorable comme position, mais ce n’est pas la mienne.
Je veux être lue, donc, pour partager avec d’autres les mondes que je créée. Mais qu’est-ce que je cherche, en fin de compte ?
En analysant un peu, je peux me dire que j’ai passé un temps incroyable à écrire, et pas seulement : ma saga Dia Linn m’a demandé des mois, des années de recherches historiques en plus de l’élaboration « classique » des plans de chaque ouvrage, des synopsis, des constructions de personnages, etc.
Ai-je été récompensée de mes efforts ? Le monde s’est-il agenouillé devant moi, telle la Deus Ex Machina de la littérature ? Suis-je devenue riche, célèbre, des hordes de fans attendent-elles, fébriles et proches de l’hystérie, devant chaque librairie de France et de Navarre à l’annonce de la prochaine parution du tome suivant ? 🙂
Que nenni. Mais j’ai accroché des cœurs précieux, recueilli des avis et des retours qui m’ont donné des ailes, et je sais qu’au moins quelques personnes, de par le vaste monde, attendent la suite des aventures des O’Callaghan.
Et cela me suffit. Oserai-je même pousser le bouchon plus loin, Maurice ? 🙂
Oui, j’ose : même sans ces cœurs fidèles et précieux, je poursuivrais.
Parce qu’il faut être auteur pour comprendre qu’écrire est en fait une pulsion, un besoin, une absolue nécessité. On n’écrit pas parce qu’on s’ennuie, ou qu’on cherche une activité sympa un jour de pluie ! (pour ça, je préfère faire des gâteaux. Et les manger. Mais comme je ne me suis jamais ennuyée un seul jour de ma vie, je n’en fais pas beaucoup et je mange ceux des autres).
La question est : pourquoi est-ce que j’écris ?
A 8 ans, c’était parce que j’adorais lire les aventures de mes héros préférés mais que j’étais parfois frustrée du tour qu’elles prenaient, je voulais leur faire vivre les miennes.
A 18 ans, c’était parce que j’étais amoureuse, ou malheureuse, souvent les deux à la fois ; et que se la jouer « poète maudit » ça avait quand même de la classe…
A 25 ans, c’était parce que… ben en fait, je n’en ai aucune idée, j’écrivais sporadiquement parce que… bref, voilà.
A 35, je me suis mise à écrire pour créer un autre monde que celui dans lequel je vivais. Non pas que ma vie était moche, hein ? Mais elle avait – elle a – un défaut majeur, impardonnable : on n’en a qu’une. Sans être auteur, comment voulez-vous devenir un homme, une scientifique, une pute, un avocat ? Vivre aux USA, puis en Irlande, puis en Australie ? Au 18 ème siècle, au 33 ème ?
Je suis auteur car une vie ne me suffit pas.
Oh, rassurez-vous (enfin, si vous étiez inquiets ^-^), je l’aime, ma vie ! J’aime profondément vivre et je sais parfaitement en goûter les joies. Mais n’en vivre qu’une seule ? « Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! » Merci Edmond… 🙂
Oui, l’écriture n’est pas D’ABORD une question d’ego, mais bel et bien de nécessité incompréhensible… pourquoi des histoires nous poussent-elles dans la tête et ensuite à les coucher sur le papier ? Mystère ! Mais qu’est-ce que c’est chouette à vivre toutes ces vies que l’on ne vivrait jamais autrement… Un peu schizo ? J’assume… 🙂